LUCET Joachim Joseph
biographie succincte

[1768] – Naissance à Arras. Fils de Michel Lucet, maître-tapissier, et de Rose Thomas
[1787] – Étudiant boursier au collège de Dainville à Paris (physique)
[1789] – Ordonné, il signe L’abbé Lucet au baptême de sa nièce Victoire Mura.
[1791] – Commis à la Gazette des cours de l’Europe
[1792] – Rédacteur de L’Historien de France et de l’Europe
[1794] – Mariage avec Marie-Ange Richard à Paris
[1795] – Naissance de Joachim Simeon Lucet à Paris [20 avril 1795]
[1794-1796] – Directeur du Bulletin de Littérature, des Sciences et des Arts
[1797] – Collaboration au Messager des Dames
[1797] – Rédacteur de La Petite Poste de Paris
[1797] – Victime de la journée du 18 fructidor an V [4 septembre 1797]
[1799] – Naissance de Georges Henry Lucet à Paris [14 août 1799]
[1799] – Condamné à la déportation à Oléron le 16 fructidor an VII [2 septembre 1799]
[1799] – Directeur-rédacteur de La Correspondance des Dames, journal de mode
[1799-1814] – Collaboration au Journal des Arts, de Littérature et de Commerce (1799–1814).
[1800-1814] – Collaboration au Journal des Dames et des Modes
[1802-1803] – L’égnime du contraste
[1811] – Hommages poétiques à LL. MM. sur la naissance du roi de Rome. (avec M. Eckard)
[1814] – Mort de son épouse Marie-Ange
[1815] – Remariage avec Henriette Poupiche de La Maillardière à Herblay
[1819] – Il apparaît désormais sous le nom de « Lucet-La Maillardière »
[1819-1828] – Plusieurs ouvrages centrés sur la langue française. Il se décrit comme « Homme de Lettres ».
[1829] – Mort à Tours

Joachim Joseph LUCET au cours de toute sa carrière de journaliste signe ses articles : « J. J. LUCET ». Certains interprètent à tort les initiales de son prénom comme celles de « Jean-Jacques » ; on ne trouve trace nulle part de « Jean-Jacques » signé de sa main. Par ailleurs certains autres auteurs confondent « J. J. LUCET » avec « Jean-Claude LUCET » qui est un ecclésiastique canoniste connu à la même époque.

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Source : Collège de Dainville à Paris

État des boursiers du Collège de Dainville
Quartier d’octobre 1788 – Diocèse d’Arras

1787, 2 octobre : Joachim-Joseph LUCET en physique (125 livres de pension)

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Source : L’Historien de France et de l’Europe

Ce Journal, d’une demi-feuille in-4°, paroît les Mardi, Jeudi et Samedi. Le prix des Abonnemens pour la Province et l’Etranger, est de 25 livres pour un an, 13 livres pour six mois, et 7 livres 10 sols pour trois mois ; pour Paris, 21 livres par an, 11 livres pour six mois, 6 livres pour trois mois. On souscrit chez tous les Directeurs des Postes ; à Paris, chez M Wébert, Libraire, au Palais-Royal ; à Arras chez M. Wignan, Libraire, et à Marseille, chez M. Vignal, Libraire, sur le Port.
   Toutes les Souscriptions, Lettres, Paquets, seront adressés, franc de port, à M. LUCET, Rédacteur de l’HISTORIEN de France et de l’Europe, au Bureau, rue des Cinq-Diamans, n°7, à Paris.

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N° VII (Jeudi 26 avril 1792)

MÉLANGES.
   La Guillotine a été mise en jeu hier 25 pour la première fois. Cette machine, digne du cerveau d’Esculape, est le passeport le plus expéditif pour l’autre monde ; on assure qu’un Médecin célèbre a perfectionné l’invention de M. Guillotin : quoiqu’il en soit, ce dernier sera toujours mémorable, et de tout temps l’on pourra dire :
    Guillotin, Docteur ridicule,
    A mérité d’être l’émule
        De nos Sansons (1) ;
    Son rare talent pour détruire,
    Parmi nous sait se reproduire
        En cent façons.

(1) Bourreaux de Paris.

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N° XI (Samedi 5 mai 1792)

NOUVELLES INTÉRIEURES.
   Paris. Depuis longtems l’impunité a enhardi quelques plumes empoisonnées qui n’écrivent que pour aigrir les esprits et prêcher le désordre. Un nommé Marat, qui s’étoit lassé de griffoner, semble ne s’être arrêté dans sa marche que pour acquérir de nouvelles forces. Patriote incendiaire et révoltant, son fiel est toujours dirigé contre les Magistrats, les Chefs de l’armée, et surtout contre les Pouvoirs constitués ; dans un de ses derniers écrits, cet homme dangereux, profitant des circonstances où la confiance des troupes est on ne peut plus nécessaire, déclame contre les Généraux choisis pour la guerre présente : « Il y a plus de six mois, dit-il, que j’ai prédit que nos Généraux, bas valets de la Cour, livreroient les frontières à l’ennemi ; j’espère que l’armée ouvrira les yeux, et qu’elle sentira que ses Chefs sont les premiers qu’elle doit massacrer. » De tels conseils, sans doute, méritoient un Décret d’accusation à la haute Cour Nationale ; mais on ne peut regarder que comme une nouvelle ruade donnée à la Constitution le Décret qui met M. Royou, Auteur de l’Ami du Roi, au rang d’un Marat. Si M. Royou est un peu exalté dan son opinion, il ne prêche point la révolte, il jouit de la liberté que la Constitution lui accorde, et dans tous les cas il ne peut être aussi dangereux que l’Ami du peuple, parce qu’il n’est point lu et qu’il ne peut être senti par la classe inférieure ; la jalousie est si puissante.

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N° XIV (13 mai 1792)

   Paris. La Jacobinière vient de me prouver qu’elle a encore quelqu’influence dans la Capitale, quoique depuis quelques tems tous les bons Citoyens semblent s’accorder pour lui vouer le mépris dont elle est digne ; cette horde de factieux, ennemie jurée de tous ceux qui, dans leurs écrits, osent dévoiler leurs manœuvres et dénoncer leur crime, m’a choisi pour une de ses premières victimes ; un de ses membres, dont le nom ne souillera point mon Journal, est allé me dénoncer au Bureau central des Juges de Paix, comme un Ecrivain qui tendoit à semer l’insubordination parmi les Troupes, à diviser les Citoyens, à faire mépriser les Loix, etc. En conséquence de cette dénonciation jacobite, un Commissaire et un Officier de Paix viennent m’honorer de leur visite, et après la recherche de tous mes papiers, ils me conduisent au Bureau central des Juges de Paix, où je vis qu’une guerre ouverte étoit déclarée à mes principes ; MM. les Juges n’étoient pas pour moi les personnages les plus à craindre, je n’ai qu’à me louer de leurs procédés ; mais quelques têtes, farcies de Jacobinage, se montrèrent mes ennemies déclarées ; ma gaîté dans mes écrits faisoit tout mon crime, car pour l’objet principal de la dénonciation, j’en appelle à mes Lecteurs ; est-il un Ecrivain qui se renferme plus que moi dans les bornes de la Loi ?
  Cette affaire ne m’a été intentée que pour mettre des entraves à ma marche, et arrêter les succès que j’ai le bonheur d’obtenir ; mais la malignité de mes ennemis sera confondue, et leur persécution ne me rendra que plus ardent à les démasquer, et à les montrer au Peuple dans tout leur jour.
   Cette dénonciation a été cause du retard que MM. mes Abonnés ont éprouvé dans l’envoi de leurs feuilles, je les prie d’y avoir égard ; je me montrerai digne de leur indulgence par le zèle ardent que je mettrai à les satisfaire.

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N° XV (15 mai 1792)

Lettre au Rédacteur
Vous prévenez vos Abonnés, Monsieur, dans le début de votre Feuille du 13 Mai, que « des raisons que l’on connoîtra à l’article de Paris, vous ont ôté le loisir, etc. »
  Je lis votre article de Paris ; qu’y vois-je ? Vous dites que La Jacobinière a encore quelqu’influence dans la Capitale, etc. qu’un de ses membres, dont le nom ne souillera point votre journal, est allé vous dénoncer au Bureau central des Juges de Paris, comme tendant, vous Monsieur, à diviser les Citoyens, à faire mépriser les loix, etc.
   Votre défense allégative me paroît, à moi, une allégation trop allégée pour compenser solidement votre retard envers vos Abonnés.
   Que leur importe, au fait, la dénonciation d’un être dont vous taisez le nom. Point d’anonyme en fait de dénonciateur.
   Croyez-vous que nous croirons, car nous ne croyons pas légèrement, au moins moi qui ne me rends qu’à la conviction bien prouvée, croyez-vous, dis-je, que nous sommes obligés de croire que le Bureau central a cru ce que vous nous dites, d’après un individu qui lui aura apparu, et peut être sous un nom supposé ?
   Donnez au Public, à vos Abonnés, dont j’ai l’honneur de faire partie, le détail très-vrai de ce que vous ne faites pas même entrevoir. Alors chacun dira, LUX LUCET.
   C’est pour vous, Monsieur, que vous devez publier ce détail, et si j’étois Juge de paix je vous le demanderois impérativement en mon nom. La raison en seroit ce qu’elle est très-réellement ; c’est que l’opinion publique doit juger, et juge à coup sûr, dans leurs fonctions et d’après leurs fonctions, ceux que cette même opinion a délégués pour prononcer sur le sort des Citoyens.
   Je m’interdis tout développement d’idée jusqu’au moment où vous airez satisfait à ma demande.
   Ce même article par lequel vous excusez votre retard que vous faites porter sur un membre de la jacobinière, nous dit et que cette horde de factieux et ennemie juré de tous ceux qui dévoilent leurs manœuvres et dénoncent leurs crimes,  etc.
   Je ne suis moi, Monsieur, que partisan vrai, sectacteur droit et défenseur raisonné de l’Assemblée reconnue qui constitue, des pouvoirs constituans, et des loix constituées ; or, comme l’Assemblée n’a institué ni constitué aucune association particulière, telle nombreuse qu’elle soit, qu’elle n’a autorité que celle des Sections, ou d’un nombre déterminé de Citoyens, dans une quantité donnée et assemblée légalement, moi qui ne veut connoître que ce qui est prescrit ou défendu par la loi ; je regarde toute assemblée, autre que celle Nationale, subversible de la loi et des loix, et ne tendant qu’à tourner contre l’utilité publique les esprits peu exercés et dont les individus qui promènent ces même esprits, ou qui sont promenés par eux, seront dupes et dupés en définitif.
   Je dis encore que si je voulois prendre une dénomination clubique ce ne seroit point celle de jacobin, jacobite, jacobine, ou jacobinière.
   On ne peut que plaindre ceux qui, avec des intentions droites, car il en est sans doute, se réunissent sous une pareille dénomination.
   Hors l’Assemblée Nationale, et celles qu’elle a instituées, je dis que toutes les autres sont autant de serpens qui déchirent le sein de celui qui les a nourris.
   Pour revenir, Monsieur, à votre Journal, le Public, instruit s’entend, le jugera par la lecture, d’après les articles IV, V et XI, de la déclaration des Droits de l’Homme.
   Soit que j’aie dit trop ou trop peu, je vous laisse, Monsieur, la liberté d’insérer mar lettre entière dans votre prochain Numéro, et en attendant le nom du dénonciateur, je vous signe le mien.
   LAMY, Abonné.

RÉPONSE. Messieurs mes Lecteurs ne pourront que me savoir gré d’avoir inséré une lettre qui renferme des principes si sages sur une association dangereuse, que ne m’a cru digne de ses coups qu’à cause de ma hardiesse à dévoiler ses infâmes menées.
   Incapable d’en imposer à MM. mes Abonnés, je leur ai dit la vérité dans mon XIVe n°. Mais puisqu’ils paroissent s’intéresser aux persécutions que j’éprouve, je m’étendrai un peu plus que je ne l’ai fait sur la dénonciation dont il s’agit ; ils y verront une preuve de l’inquisition odieuse qui commence à s’établir dans Paris, et dont sont menacés tous les Ecrivains.
   J’ai cru mon dénonciateur trop digne de mépris pour daigner m’occuper de lui un instant ; un coup-d’œil jetté par hasard sur sa dénonciation, dont on évitoit de me faire la lecture, m’a appris que je devois l’honneur d’avoir paru en criminel au Bureau central à un nommé le Bay, Citoyen Français, demeurant rue Montorgueil ; le lâche n’a point osé paroître ; en vain j’ai requis les Juges de lui faire spécifier les articles de mon Journal sur lesquels tomboit la dénonciation à mon égard ; à mon grand étonnement, ils m’ont répondu que le nommé le Bay avoit déclaré qu’il ne vouloit nullement être requis comme dénonciateur, et qu’en conséquence, MM. les Juges, ou plutôt les Inquisiteurs, prenoient la dénonciation en leur nom ; mes réclamations contre cette inustice ont été inutiles ; j’ai pris alors les N°s. IX, X et XI, les seuls dénoncés, j’en ait fait la lecture, et j’ai remarqué que la gaîté qui me caractérise étoit ce qui effarouchoit le plus mes antagonistes ; j’ai demandé à être jugé, on m’a répondu que le Juré s’aquitteroit de cette commission, ainsi que de l’exament de mon Ouvrage ; alors on m’a proposé galamment de choisir entre la détention ou une caution de mille écus ; j’ai répondu, de la manière suivante, à cette proposition :
   « On me dénonce, je parois seul ; des Juges qui se bornent à m’interroger ne peuvent me juger coupable, et cependant ils me jugent tel, sur une dénonciation vague, nullement déterminée, puisqu’ils me condamnent préalablement à la détention. La Loi supposée ou injuste qui leur donne ce pouvoir, si le Juri me déclare innocent, me réserve-t-elle une indemnité pour les pertes inévitables que ma détention entraînera ? Non, m’a-t-on répondu, mais vous pouvez être libre dès ce moment, moyennant une dépôt EN CAUTIONNEMENT de mille écus.
   Orphelin, ai-je repris, sans parens, sans amis fortunés dans Paris, sans autre possession que les deniers nécessaires pour remplir mes engagemens envers mes Abonnés, je me trouve dans l’impossibilité de jouir de la faveur que la Loi accorde à un homme dénoncé par le premier individu qui, en déclarant ne vouloir nullement être requis comme dénonciateur, se met à l’abri des poursuites que nécessiteroit une calomnie ; arrêté sur une dénonciation aussi illégale, et aussi contraire à la liberté individuelle, il est nécessaire que je sois la victime de la malignité de mes ennemis, si je ne puis donner ou trouver pour moi une caution de mille écus ; la Loi qui détruit toute distinction, tout privilège entre les Citoyens Français, peut-elle favoriser plus ouvertement le riche ? un scélérat, justement dénoncé, déposera mille écus, que peut-être il aura volés, et je le verrai acheter sa liberté, tandis que l’indigence me ravira la mienne »
   Ces raisons, ou la justice, engagèrent les Jurys de Paix à me laisser libre à sept heures du soir, moyennant une caution, je la trouvai fort heureusement, et je revins chez moi attendre le jugement des Jurés, que mes Lecteurs impartiaux ont, sans doute, déjà deviné ; car, je le répète, est-il un Ecrivain qui se renferme plus que moi dans les bornes de la Loi ?
   LUCET.

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N° XXIII (Samedi 2 juin 1792)

LETTRE AU RÉDACTEUR
   Il est étonnant, Monsieur, que vous vous taisiez dans votre Journal sur la plupart des opérations des armées patriotes ; vous ne doutez pas cependant que tout ce qui concerne la guerre intéresse généralement tous les Citoyens, de quelque parti qu’ils soient, et que le silence à cet égar ne peut nullement satisfaire vos Abonnés. — Je suis, etc.
   DARICOURT, Abonné

RÉPONSE. Le reproche que me fait M. Daricourt est juste, mais nullement mérité ; je prie mes Lecteurs de me pardonner si, depuis quelque tems, je ne leur donne point des nouvelles des frontières ; m’étant fait un devoir de ne leur apprendre que ce qu’on m’auroit appris à moi-même, je ne peux que leur faire part de l’ignorance dans laquelle me laissent la plupart de mes Correspondans. Je n’ose les accuser de néglicence ; le zèle qu’ils m’ont témoigné jusqu’à présent me fait croire qu’ils ne cessent de m’écrire ; mais moi j’ai cessé de recevoir leurs lettres, en grande partie depuis l’époque où le Conseil du Roi, guidé, sans doute, par les calomnies du sieur Carra, a remplacé arbitrairement les Administrateurs de Postes ; si, comme on l’assure, les successeurs de MM. de Richebourg, Mesnard, Gauthier, Montbreton et Vallonge, sont de la ligue de ceux qui nous disent : Nul n’aura les emplois, hors nous et nos amis,  nous avons tout lieu de craindre quelque tour de passe-passe, exécutés préférablement pour les antagonistes. Je suis cependant éloigné de croire que le Jacobinage porte la scélératesse au point d’intercepter les lettres, quoiqu’un Journaliste estimable et très-véridique ait annoncé que des Négocians de Rouen avoient reçu des lettres décachetées, avec des lignes rayées, et une apostille qui les avertissoit de prévenir leurs Correspondans de ne plus leur mander de nouvelles à l’avenir.

Source : BNF. L’Historien de France et de l’Europe

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Notice sur Denis Wignan, libraire, distributeur à Arras de L’Historien de France et de l’Europe.

Denis Wignan (41 ans), libraire à Arras, avait reçu, en août 1792, un paquet de livres contre-révolutionnaires, qui lui était adressé par Lefort, libraire à Lille. Un patriote, qui achetait chez lui du papier, enleva ce paquet et le porta chez le juge de paix. Wignan, déclaré suspect, fut mis en état d’arrestation le 17 octobre 1793, et laissé provisoirement dans sa maison, sa femme étant dangereusement malade. Emprisonné à l’abbatiale le 24 brumaire (14 novembre), il adressa inutilement au comité de surveillance pétition sur pétition. Il fut renvoyé au tribunal révolutionnaire, et reconnu coupable d’« avoir colporté dans Arras le Manifeste de Brunswick et autres tyrans; reçu de Paris et de Lille des écrits incendiaires ».
Source : Histoire de Joseph Le Bon et des tribunaux révolutionnaires d’Arras et de Cambrai. par A.-J. Paris, Arras, 1864.
Source : Le Livre et l’Historien, Droz, 1997.

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Source : Gazette des cours de l’Europe – Le Royaliste, ami de l’Humanité

[p. 669] – mardi 17 avril 1792
Mélange. Rien ne prouve plus le désordre et la désunion parmi les amis inviolables de l’ancien régime, sans modification, que leur acharnement à détruire les zélés serviteurs du roi. La perte de ma feuille leur paraissait, sinon servir leur dessein, du moins soulager leur ressentiment ; mes commis étaient chez moi leurs espions, et quoique bien payés, un sieur Chauvin, avocat, emporte ma caisse ; un nommé Brulé s’approprie le prix de plusieurs abonnements, et dernièrement on séduit le sieur Lucet qui prend un double de la liste de MM. mes abonnés et s’amuse à composer un journal de rapsodies, intitulé L’histoire de France et de l’Europe qu’il leur adresse. Ayant connu ces jeunes gens dans la misère, je me tais sur des vérités qui pourraient leur nuire. J’ai seulement l’honneur de prévenir MM. mes abonnés que je n’ai jamais engagé le sieur Lucet de réclamer des abonnés en mon nom : je ne le connais que pour avoir été quelque temps l’un de mes commis.

[p. 674] – vendredi 20 avril 1792
Mélanges. Mon temps me permettant à peine de lire et de répondre à tous mes correspondants, je ne puis parcourir que très-rarement quelques-unes des feuilles dont Paris fourmille. Le sieur Lucet, tableau parlant de quelques ennemis lâches et insensés que j’ai, doit répondre par une diatribe calomnieuse aux vérités concernant mes ci-devant commis ; (Voyez le n° précédent). Si le hasard me la fait connoître, je n’y répondrai seulement compte de l’époque et du jour où j’aurai puni fraternellement le calomniateur.

[p. 678] – mardi 24 avril 1792
Mélanges. Je passe sur la sale et irréfléchie diatribe attribuée au sieur Lucet, dans l’une de ses feuilles : l’impudence d’y imprimer qu’il était venu chez moi me proposer de me battre et que je lui avait refusé est inouie. Moi ! refuser de me battre ! Ah ! ce serait par pitié sans doute, mais le fait est faux ; et samedi matin, j’ai fait remettre au sieur Lucet un billet qui renfermait, entre autres mots, ceux-ci : Jeune homme, il y a des fautes que l’honneur ne pardonne jamais ; il ne vous reste que le parti de prendre un second et de marcher, une voiture nous attend, etc. Ne le trouvant point, j’ai mis en apostille sur ledit billet : Vous ayant vainement cherché ce matin chez vous et en votre bureau, demain matin à sept heures je vous attendrai aux Champs-Élysées. Il y est venu et a fini par s’y trouver avec plusieurs personnes de sa connaissance ; j’étais seul avec un second. Enfin, il est convenu que l’article qui parle de moi dans sa feuille, y a été inséré à son insu et sans son aveu. Alors tout à dû finir naturellement où la pièce devait commencer. La sincérité étant le partage d’un galant homme, je dois à la vérité un éclaircissement au sujet des numéros où je parle des commis dont je n’ai pas à me louer et où je dis : Je me tais sur des vérités qui pourraient leur nuire ; cela ne regarde que les nommés Chauvin et Brulé cadet.

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Source : Journal Général, par M. Fontenai
du Jeudi 17 Mai 1792

À M. Fontenai,
Paris 14 Mai 1792.

   La ligue jacobinière ne peut pardonner aux Ecrivains véridiques de dévoiler sa turpitude et ses manœuvres. Forte de l’influence que l’intrique lui a acquise sur quelques Pouvoirs sonstitués, elle se dispose à lancer ses trais empoisonnés contre ceux qui oseront s’élever contre elle, et la présenter dans tout son jour. Cette horde de factieux a choisi pour une de ses premières victimes M. Lucet, Rédacteur de l’Historien de France et de l’Europe. Cet Auteur qui, depuis la naissance de sa Feuille, s’est ouvertement déclaré l’ennemi des Scélérats qui, sous le masque du patriotisme, cherchent à diviser la France pour la gouverner, vient d’éprouver leur vengeance d’une manière particulière. Un nommé Lebay, Citoyen François, demeurant rue Montorgueil, l’a dénoncé au Bureau Central comme un Ecrivain dangereux, et dont les principes anti-constitutionnels tendoient à rdiculiser les Pouvoirs constitués, semer l’insubordination, etc. Sur cette dénonciation, vague et indéterminée, un mandat d’arrestation a été donné contre M. Lucet. La visite de ses papiers a été faite, et lui-même, après avoir comparu au Tribunal, n’a obtenu sa Liberté qu’en donnant une caution. Ce qui est extraordinaire, et même très-contraire à la liberté individuelle, c’est que M. Lucet a vainement requis de ses Juges la présence de son dénonciateur ; il n’a obtenu d’autre réponse, sinon, « que le sieur Lebay n’entendoit nullement être requis comme dénonciateur, et qu’en conséquence les Juges de Paix prenoient la dénonciation en leur nom ». Il paroit que ce Tribunal est disposé à arrêter la marche des Ecrivains qui, trop vrais dans leurs écrits, pourroient parvenir à éclairer le Peuple sur ses intérêts en lui faisant connoitre la scélératesse de ceux qui, s’intitulant ses amis, flattent sans cesse son aveuglement, et ses erreurs pour le tromper et le tyranniser.
   Je suis, etc.

Nota des Rédacteurs : Nous sommes absolument dans le même cas que l’Auteur de ce Journal. Ce qu’il y a de plus étonnant dans la vexation que nous éprouvons, c’est que la plainte faite contre nous, tombe précisément sur un article que nous avions expliqué dans notre Feuille du 14 Mai, avant d’avoir eu connoissance de la plainte, de manière à ôter tout lieu à inculpation quelconque. Mais comme le projet de dénonciation étoit formé, il a fallu l’exécuter.

[https://play.google.com/store/books/details?id=EfJvI_UaVdkC&rdid=book-EfJvI_UaVdkC&rdot=1]

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Source : Gazette nationale ou le Moniteur universel
n° 276 –  Sextidi 6 Messidor, l’an 3e (mercredi 24 juin 1795, vieux style) – page 48.

Bulletin de littérature, des sciences et des arts, ouvrage périodique ; par le citoyen Lucet

   Cette feuille d’un intérêt majeur pour les librairies, les gens de lettres, les artistes, paraîtra désormais trois fois par décade.
   On y donne l’annonce, l’analyse et la critique des ouvrages nouveaux en tous genres, littérature, gravure, médecine, commerce, poésie, etc. le prix de ces ouvrages, l’addresse des libraires où ils se vendent, et le moyen de se les procurer franc de port.
   Les personnes préposées à l’instruction publique, celles qui font une étude particulière de tout ce qui a rapport aux sciences, et surtout les citoyens jaloux de former une bibliothèque de livres choisis et intéressants, y puiseront des renseignements utils.
   Le prix de l’abonnement de cette feuille imprimée avec soin, et sur très beau papier, n’est que 18 liv. pour 36 numéros, 32 liv. pour 72, et 60 liv. pour 144.
   Les 30 premiers numéros, dont une grande partie a été réimprimée plusieurs fois, se vendent séparément 25 Liv., franc de port.
   Les livres, estampes, brochures, lettres et abonnements, doivent être adressés, franc de port, au citoyen Lucet, rue Montmartre, n° 94, vis-à-vis de Saint-Joseph, à Paris.

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Source : Police générale.
Désignation des personnes déportées par la loi du 22 fructidor an V sous la dénomination commune d’auteurs, propriétaires, directeurs et éditeurs des journaux visés par cette loi et à déporter à l’île d’Oléron : [...] Le Petit Gauthier ou la Petite Poste : Lucet

LUCET, auteur ou directeur ou imprimeur du journal le Petit Gauthier ou la Petite Poste déporté par la loi du 22 fructidor an V, à déporter à l’île d’Oléron : 16 fructidor an VII

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Source : Journal du Petit Gautier, suite de celui de la Cour et de la ville.
du 11 Prairial, an 5. (30 mai 1797).

[p. 86.]
Nouveautés littéraires.
   Il paroît depuis le commencement de ce mois, un journal intitulé : le Messager des Dames, dont le citoyen Lucet est éditeur et rédacteur. Il mérite d’être distingué de la foule des autres pamphlets éphémères et périodiques dont la capitale est inondée ; il remplit parfaitement son titre. Si l’on doit en juger par le premier numéro qui a paru, on peut lui promettre un succès aussi brillant que mérité. Nommer les coopérateurs de cet ouvrage, écrit avec sel, finesse et sentiment, c’est en faire l’éloge. Il nous retrace Anacréon, Tibulle, Ovide, Properce, la Fontaine, Voltaire, Catule, Bernard, etc., et cette troupe heureuse d’anciens et nouveaux troubadours qu’ils ont sacrifié aux grâces et à l’amour, en professant et pratiquant ses maximes et ses jeux. Ce portefeuille intéressant ne pouvoit paroître plus à propos ; il est doux de se reposer sur des images riantes et suaves, après avoir passé par les orages révolutionnaires. Nous pensons que sans blesser la modestie de son auteur, on pourroit lui donner pour épigraphe les trois mots suivans : Lucet omnibus placet ; pour ceux qui ne savent pas le latin, ces trois mots peuvent se traduire ainsi : Il brille aux yeux de tous, il plaît à tout le monde.
   Ceux qui le comprennent saisiront aisément notre allusion.
   Le messager des dames, paroîtra tous les cinq jours de 16 pages in-8°, petit romain, sur beau papier. On souscrit à Paris, chez J.-J. LUCET, Directeur du Messager des dames, rue Montmartre, N° 94 et 106, vis-à-vis la rue Saint-Joseph, et chez madame Lejay, libraire, rue neuve des Petits-Champs, vis-à-vis la trésorerie.
   Le prix de l’abonnement est de 9 livres pour six mois, et de 16 liv. pour un an, franc de port.

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Source : Le Conservateur de la Santé, journal d’hygiène et de prophylactique,
Par les citoyens Brion et Bellay, médecins à Lyon
Lyon, le 30 Floréal an 7 (n° 9) [19 mai 1799]

[p. 72]
La Correspondance des Dames
   Ce Journal est un recueil complet de tout ce que la littérature, les sciences et les arts produisent d’utile et d’agréable. C’est le citoyen J. J LUCET si avantageusement connu dans la république des lettres qui le rédige, conjointement avec des littérateurs et des artistes distingués.
      Le titre de ce Journal paraît, au premir coup d’œil, très-éloigné de notre objet ; néanmoins, si l’on fait attention que tous les renseignemens qui conduisent au but proposé, doivent être accueillis avec empressement, on ne s’étonnera plus de ce que nous en recommandons la lecture pour se conserver en santé. En effet, cet ouvrage, écrit avec toute la pureté et l’élégance française, doit servir d’antidote contre la mélancolie ; tout y respire la gaieté, l’intérêt ; tout y pique la curiosité, tout y inspire des idées douces, agréables, tandis que souvent la plaisanterie écrase, en badinant, le ridicule et la sottise. Lisez, dans vos momens de loisir, la Correspondance des Dames, vous qui ne connaissez de préservatifs des maladies futures que les émétiques et les purgatifs, et vous trouverez, dans cet aimable Journal, une grande partie de ce qu’il vous faut pour vous conserver en santé. Que la misanthropie ne s’alarme pas de nos conseils ; car nous pouvons lui assurer qu’une dose de gaieté, puisée dans cet ouvrage périodique, vaut bien les dégoûtans breuvages dont se gorgent, à grands frais, les malades imaginaires.
      Il paraît un N° de ce Journal, deux fois par décade. Chaque N° composé, au moins, d’une feuille in-8° d’impression, est enrichi d’une gravure enluminée, ou d’une planche de musique. On souscrit, à Paris, chez Gide, libraire, place Sulpice, au grand balcon ; à Lyon, chez les frères Perisse, grande rue Mercière. Le prix de l’abonnement est de 48 francs pour un an ; 25 francs pour six mois, et 13 francs pour trois mois, et 2 francs par trimestre de plus, franc de port par la poste. Il a déjà paru quatorze Numéros de ce Journal. Le premier débute par un trait de satyre contre l’officieuse et ridicule habitude des mauvaises têtes, qui les porte à prescrire, sans pitié, une foule de recettes à leurs amis, ou à leurs voisins malades ; et à ce sjute, le rédacteur place très-ingénieusement, en français, le distique latin du poëte Owen : Chacun est médecin, ou du poins prétend l’être ; / L’idiot, etc.

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Source : Journal de Paris, n° 83
23 Frimaire, VIIIe année de la République [14 décembre 1799]

[p. 378]
LES CHANGEMENTS
Air : femmes, voulez-vous éprouver

On voit tout changer ici bas,
Rien n’est constant dans la nature,
Les fleurs y changent en frimats,
Les frimats changent en verdure,
Un rien chante tous les états,
Ainsi tout change dans la France ;
Les malheurs qui suivaient nos pas
Changent enfin en espérance.

Lycoris change ses appas
Au gré de la mode inconstante,
Aussi, quoique ne changeant pas,
Son amant peut changer d’amante.
Une coquette se jouant
De l’Amour et de la Nature,
Par bon ton chage, à chaque instant,
De cœur ainsi que de figure.

Les maris, chez nous complaisans,
Entre voisins font un échange ;
D’époux froids changés en amants,
Leurs voisines gagnent au change.
On voit chaque jour dans Paris,
De très-prudents agents de change,
Changer aussitôt de logis,
Qu’ils font une lettre-de-change.

Linval voulant fuir les soucis
D’une gratitude importune,
A grand soin de changer d’amis
Sitôt qu’il change de fortune,
Traînant le besoin sur ses pas,
Certain auteur que l’on devine,
Dont l’appétit ne change pas,
Change chaque jour de cuisine.

En épigrammes, en bons mots,
On change la littérature
En satyre, pour plaire aux sots,
On a vu changer la peinture.
Nos Lays changent leur honneur
Contre une voiture à la mode ;
Pour s’engraisser, un fournisseur
Ne change jamais de méthode.
      Par le citoyen J. J. LUCET

L’auteur de ces couplets, une des victimes de la journée du 18 fructidor [an V] [4 septembre 1797], sans place et sans occupation depuis cette époque, désirerait que quelqu’un, ou le gouvernement voulût enfin changer son sort, en l’employant d’une manière lucrative. Mais peut-il espérer cet heureux changement, quand il n’a pour protection et appui que ses faibles talents littéraires, ses malheurs, ses enfants et leur mère ! Si cependant ces titres pouvaient intéresser en sa faveur, on prie les personnes qui auraient un emploi quelconque à lui offrir, de lui écrire chez le citoyen Destravaux, rue de Chartres, maison du citoyen Sorat.

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Source : Le Tribunal d’Apollon, ou Jugement en dernier ressort de tous les auteurs vivans. Libelle injurieux, partial et diffamatoire : Par une société de Pygmées littéraires. Paris, chez Marchand. An VII [1799]. Tome II
par Antoine Joseph Nicolas de Rosny

LUCET, (J. J.)
   Ci-devant abbé sans vocation, chansonnier sans goût, commerçant en librairie sans procédés, se mêlant d’écrire sans talens et sans connoissances, ce griffoneur, dans les mains duquel un journal a toujours été ce qu’est un poignard dans la main d’un méchant, vient de se loger dans la rue de la Limace. Il a bien fait ; le nom de cette rue convient à un reptile. Sa Petite Poste de Paris, que le 18 Fructidor a fait taire, était une sentine de calomnies, de personnalités odieuses ; tout homme qui voulait déchirer le mérite et la vertu y trouvait une place pour y faire ses ordures. Quelques libraires de Paris, que nous pourrions nommer (car le citoyen Lucet, a, comme commerçant, une réputation faite) pourraient nous dire comment il pouvait, en achetant leurs livres au prix de fabrique, et les revendant à un prix bien au-dessous, y gagner encore beaucoup. Mais nous ne considérons ici que le littérateur, et c’est prostituer ce nom que de lui donner. Rédacteur du Bulletin de Littérature, il louait, sans les avoir regardés, les livres dont on lui donnait la vente, et décriait les mêmes dans la Petite Poste de Paris, lorsqu’il ne pouvait les avoir à ses conditions favorites. Ceux qui se croyaient le plus ses amis, étaient le plus lâchement calomniés par lui ; comme il ne faut pas beaucoup de talent pour donner à l’impression les fugitives que les poëtes veulent faire insérer dans un journal, cet écrivailleur rédige aujourd’hui un plat cahier intitulé : la Correspondance des Dames. Nous ne correspondrons jamais avec lui.
      (Le SAINT-MARCEL, qui a rédigé des articles de la Petite Poste de Paris)

[https://play.google.com/store/books/details?id=chJMAAAAcAAJ&rdid=book-chJMAAAAcAAJ&rdot=1]

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Source : Dictionnaire des grands hommes du jour ; par une société de très-petits individus.
Paris, Floréal, an VIII.

[p. 157.]
   LUCET (J.-J.), rédacteur de la défunte petite Poste de Paris, et de la Correspondance des Dames, maintenant rédacteur en titre du journal des Modes.
  
Quoique la petite Poste de Paris, n’ait pas été très-répandue, on sait par-tout que Lucet est un des plus vils avortons du Parnasse. Cet écrivain ennuyeux et indiscret, voulut remplir l’aimable emploi de messager des dames, et écrire leur correspondance ; mais il fut bientôt renié par elles et contraint de briser ses ailes... Il n’en vole pas moins... à la gloire... Il rédige maintenant l’insipide journal des Modes, qui ne serait pas à la mode (sans ses gravures que nos petites maîtresses s’empressent d’acheter).
   Jean-Jacques Lucet se croit un grand homme... Pour s’en convaincre, il suffit de lire ses longues charades insérées dans le Courrier des Spectacles, ses fastidieux articles variétés, insérés dans le journal des Modes, enfin ses analyses de pièces de théâtre, qui sont toujours un recueil de flagorneries adressées aux artistes-comédiens des théâtres de Paris.

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Source : Les ombres, ou les vivans qui sont morts, Fantasmagorie littéraire
Almanach pour l’An X. (1801)

[p. 97]
LUCET (Joachim). — Il doit se reprocher la mort des journaux suivants :
   1°. Le Bulletin de littérature des sciences et des arts ;
   2°. La Petite poste de Paris ;
   3°. Le Messager des dames, qui n’est pas arrivé à son adresse.
   Il travaille aujourd’hui au Journal des dames, auquel il promet un enterrement à la mode.
   On a encore de lui beaucoup de petits vers et de chansons, qui prouvent que la mémoire est bonne à quelque chose.
[https://archive.org/details/lesombresoulesvi00pariuoft]

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Source : Mercure de France
N° LXXXVII (Samedi 26 février 1803)

[p. 480]
   La foule s’arrête, depuis quelques jours, devant une caricature qui a pour titre Asinus Lucet (l’âne brille). C’est un homme habillé en Jeannot ; il est monté sur un âne, la tête tournée vers la queue, qu’il tient dans la main gauche ; il a les talons dans l’étirer ; dans la main droite, il a un sac d’argent vis-à-vis lequel on lit ces mots : Le vrai mot de l’énigme. Il lui sort de la bouche cette sentence tirée de la fameuse énigme : Je suis le Jocrisse des bêtes. Elle forme sans doute contraste avec le mérite de M. Lucet. D’une certaine partie de la croupe de l’âne on voit jaillir des rayons semblables à ceux du soleil, et c’est ce qui explique le titre de la caricature : Asinus Lucet.

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Source : Biographie moderne, ou dictionnaire biographique de toues les hommes morts et vivans, qui ont marqué à la fin du 18e siècle et au commencement de celui-ci. Tome troisième
A. Leipzig, chez Paul-Jacques Besson, Libraire, 1806.

[p. 226]
   LUCET, né à Pont-de-Veyles, départ. de l’Ain, en 1755, ci-devant avocat canoniste de M. l’archevêque de Bordeaxu, garde des sceaux, a publié : Pensées de Rollin, 1780 ; Principes du droit canonique universels, 1789 ; la Religion catholique est la seule véritable ; un Edition complète des Œuvres de Bossuet.
   Un autre LUCET a beaucoup occupé les sociétés de Paris en 1803, par une énigme dont le mot était contraste. Il avoit proposé un prix assez considérable à celui qui le devineroit, et il lui fut écrit de toutes les parties de l’Europe, un si grand nombre de lettres, et ce sujet important donna lieu à tant de discussions, que Lucet eut de quoi en remplir un volume ; il rédigeoit, dans le même temps, un Journal Littéraire, dont les critiques injustes et quelquefois scandaleuses ne purent attirer l’attention : Lucet fut obligé d’y renoncer. Il a donné un grand nombre de poésies dans les journaux et l’Almanach des Muses. On a mis au bas de son portrait ces mots : Lucet non lucet.

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Source : Journal des dames et des modes
volume 12 – 5 janvier 1816 – page 96.

Les Travaux d’Amour, chanson joyeuse. Paroles de J. J. Lucet, musique et accompagnement de piano ou harpe par A. Petibon. Prix, 1 franc 50 centimes ; à Paris, chez Madame Lucet, professeur de piano, rue du Caire ; n° 28.

https://books.google.fr/books?id=xQNdAAAAcAAJ&pg=PA96&dq=%22j+j+lucet%22+caire&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwj-yInF7rruAhVhxYUKHUj7AqUQ6AEwAXoECAcQAg#v=onepage&q=%22j%20j%20lucet%22%20caire&f=false

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Source : Biographie des hommes vivants, Tome quatrième
L. G. Michaud, libraire-éditeur à Paris, Juillet 1818

[p. 263]
   LUCET (J. J.), ancien écclésiastique, a concouru, pendant la révolution, à la rédaction de quelques journaux, entre autres la Petite poste de Paris, qui finit au 18 fructidor an V [4 septembre 1797], et le Bulletin de la littérature des sciences et des arts, in-8°., feuille qui n’était pas sans mérite, et qui, après une assez longue interruption, fut reprise en prairial an X [mai 1802], et parut tous les cinq jours. Il rédigea ensuite le Messager des dames, et coopéra au Journal des modes ; mais une circonstance assez bizarre l’a fait plus connaître que tous ses travaux littéraires. Il proposa pour prix, en 1802, un exemplaire des Œuvres de Voltaire pour celui qui devinerait une énigme de sa façon. Cet avis fut imprimé dans tous les journaux, avec beaucoup d’éclat. Tous les désœuvrés s’en occupèrent, et, pendant plusieurs mois, il ne fut question à Paris et dans toute la France que de cette sorte de défi, proposé par M. Lucet, sans que la munificence de ce nouveau Sphinx pût être mise à l’épreuve. Forcé de donner enfin lui-même la clef de ce mystère impénétrable, il la fit connaître dans une brochure (Correspondance des Œdipes, ou le mot de l’énigme, 1803, in-8° de 63 pages), qui fut vendue à un grand nombre d’exemplaires. Il y porta à 5347 le nombre des lettres qui lui furent écrites (franc de port), à cette occasion ; ce qui fit croire à quelques-uns des curieux attrapés que le vrai mot de l’énigme était un jeu convenu de concert avec l’administration des postes. On y trouva le mot contraste, sur lequel M. Lucet avait rassemblé un grand nombre d’antithèses et d’oppositions forcées, et qui n’étaient qu’une mystification, dont on chercha à se venger par des quolibets et des rébus qui ne valaient pas mieux que l’énigme. On distingua néanmoins dans la foule des brocards que l’orgueil blessé des œdipes fit éclore en cette circonstance, une caricature représentant l’auteur monté à rebours sur un âne, et tenant au lieu de bride la queue rayonnante du quadrupède, avec cette inscription : Asinus lucet. De la bouche du personnage sortait une bande, portant cette phrase : Je suis le Jocrisse des bêtes, qui était un des vers de l’énigme. Cette caricature avait elle-même donné lieu à l’épigramme que voici :
   Aux yeux malins du public on expose
   Monsieur Lucet, sur un âne monté.
   Bien, je voudrais en connaître la cause,
   Mais vainement je m’en serais flatté.
   Point ne me sens un esprit assez vaste,
   Tout franchement je dois le déclarer.
   Car je ne puis vraiment me figurer
   Qu’il soit ici question de contraste.


Depuis cet innoncent badinage, la renommée était restée silencieuse sur le compte de M. Lucet jusqu’en 1811, où il publia (avec M. Eckard) : Hommages poétiques à LL. MM., sur la naissance du roi de Rome, 1811, 2 voL in-9° et un appendice. M. Lucet a fourni dans ce recueil deux odes et une chanson. K.

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Source : Mercure de France et chronique de Paris, volume 2, novembre 1819.

Traités élémentaires des participes français et du subjonctif, précédés de notes grammaticales sur les verbes, le sujet et les régimes des verbes ; par LUCET-LA MAILLARDIÈRE, professeur de belles-lettres. (1)

   M. Joachim-Joseph Lucet, si connu par sa fameuse énigme du contraste, a jugé à propos depuis quelques années de donner un nouveau relief à son nom par celui de la Maillardière, probablement pour dépayser ceux qui eurent la bonhomie de se torturer l’esprit pour deviner une niaiserie, et qui, dupes de leur enjouement, ont conservé une espèce de ressentiment de la mystification dont ils furent les innocentes victimes.
   Quoiqu’il en soit, abandonnant aujourd’hui le vaste champ des énigmes, charades et logogriphes, M. Lucet s’est jeté à corps perdu dans celui des participes et du subjonctif, dont il annonce avoir résolu toutes les difficultés.
   Mais c’est surtout contre le subjonctif que M. Lucet a dirigé ses batteries, en faisant observer qu’il n’existe aucun ouvrage complet sur ce malheureux subjonctif, et que cette partie essentielle de notre langue n’est que sommairement traitée dans la plupart des grammaires élémentaires.
   Si nous voulions chicaner M. Lucet sur cette dernière phrase, nous pourrions lui dire : cette partie a donc été traitée dans un petit nombre de grammaires, si elle ne l’a pas été dans toutes ; alors, M. Lucet, vous méritez le reproche de ne nous avoir appris rien de nouveau ; au reste, M. Lucet joint aux grâces de la syntaxe l’esprit du rudiment.
   « Destinant mon travail, aux jeunes-gens, poursuit l’auteur, je n’ai pas cru devoir occuper leur esprit de discussions... Je me suis borné à multiplier les exemples et à en puiser une grande partie dans le langage usuel... »
   Cela est fort bien, mais il y a des cas où ces exemples seront inutiles, parce qu’ils ne pourront s’adapter aux nouvelles difficultés qui se présenteront. Des exemples sont bons, à la vérité, mais ils deviennent insuffisans si l’inversion de la phrase laisse dans l’incertitude sur la manière dont les participes et le subjonctif doivent y être appliqués.
   Si l’ouvrage de M. Lucet n’est pas absolument nécessaire, il sera du moins utile à ceux que les règles, par leur sécheresse, éloignent d’une étude presque toujours trop sérieuse.
———
Broch. in-8., prix, 2 fr. et 2 fr. 50 c. franc de port; Paris, rue neuve St.-Eustache, n° 56, au deuxième ; chez Blanchard, librairie, Palais-Royal, galerie Montesquieu, et à la libraire du Mercure, rue Poupée, n° 7.

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Source : Contes à Rire, ou recueil amusant
Chez Corbet aîné, libraire, Paris 1825.

[p. 566]

L’ÉNIGME, OU LE PUBLIC MYSTIFIÉ.

Jean-Job-Joachim-Luc-Étienne Tintinnabulum, journaliste de profession et surtout grand faiseur de petit vers, d’énigmes, de charades et de logogriphes, voyant le public plein d’indifférence pour ses productions quotidiennes, et voulant le réveiller de son espèce d’assoupissement léthargique, chercha long-temps dans son cerveau le moyen de l’émoustiller. Après quelques mois de profondes réflexions, il crut qu’il n’y aurait rien de plus propre à lui donner l’éveil que de lui proposer à deviner quelque chose d’intelligible. En conséquence de ce raisonnement il se met au travail, et accouche péniblement, après quarante jours de souffrances, de l’énigme suivante :

AIR : Femmes, voulez-vous éprouver ?

Je suis un être original :
Je suis l’aïeul de ma grand’mère ;
Et, par un destin sans égal,
De ma mère je suis le père.
Je suis d’un genre très-plaisant,
Je ne suis ni garçon, ni fille ;
Sans avoir jamais fait d’enfant,
Je suis un père de famille.

Je suis l’ami du genre humain,
Et je déteste tout le monde :
Excepté l’or, je n’aime rien ;
Je fuis les lieux où l’or abonde.
Mon existence est un bienfait ;
Mais malheur à qui me voit naître !
Malgré tout le mal que j’ai fait,
Chacun aspire à me connaître.

Je suis le plus petit des nains,
Et ma hauteur est colossale,
Je n’ai ni pieds, ni corps, ni mains,
Je marche, je touche, j’avale.
Je suis léger comme le vent ;
J’écrase tout ce qui m’approche ;
Et bien que je sois très-aimant,
J’ai le cœur dur comme une roche.

Je suis de toutes les couleurs ;
Ma forme est plate, épaisse et ronde :
Je porte le parfum des fleurs
À plus d’une lieue à la ronde.
Je suis-aussi poli qu’un ours :
Ma chair est douce autant qu’unie :
Et quoique je marche toujours.
Je n’ai fait un pas de ma vie.

Je suis l’être le plus discret ;
Mais aussi bavard qu’une nonne :
On m’admire pour mon caquet,
Et je ne dis mot à personne.
On me cite comme un savant.
Je suis le Jocrisse des bêtes ;
Bien que grossier comme un manant.
Je n’ai que des façons honnêtes.

Je suis plus puissant qu’un grand roi,
Je règne sur toute la terre :
Tout ce qui vit me fait la loi,
Et me respecte et me révère.
J’enchaîne tout le genre humain ;
J’ai des sujets, je suis esclave,
Et je commande en souverain
Au boudoir ainsi qu’au conclave.

Sans yeux je vois tout ici-bas :
Quoique sourd, je puis tout entendre.
Je suis sans cesse sur vos pas,
Jamais on ne peut m’y surprendre.
Je meurs et nais à chaque instant,
Mon existence est éternelle ;
Un rien me réduit au néant,
Et mon image est immortelle.

Je suis vaillant comme un héros,
La peur vous peint mon caractère :
Je prends la mouche à tout propos ;
Je suis l’être le moins colère.
Quoique fourbe et plein de détours,
Dans le vrai je trouve des charmes.
Sans bouche, je chante toujours ;
En riant, je verse des larmes.

J’habite la terre et les cieux,
Rien ne prouve mon existence ;
On ne me voit dans aucuns lieux,
Tout vous indique ma présence.
Je cours après vous, je vous fuis ;
Vous me cherchez, je vous évite ;
Vous vous fâchez, et moi je ris :
Vous me tenez, je suis en fuite.

   Pour piquer la curiosité du public et en même temps l’intéresser, Tintinnabulum attacha des prix à la solution de son prétendu problème. Cet expédient lui réussit à merveille ; plus de trois mille concurrens se présentèrent sur l’arène. L’importance qu’on attacha à trouver le mot de cette énigme absurde ne peut guère se décrire ; on eût dit qu’il ne s’agissait de rien mons que du salut de la patrie. Les oisifs, les désœuvrés et les rentiers, tant de Paris que des départemens, se creusèrent à l’envi le cerveau pour deviner ce qui était indevinable, et attendirent avec la plus vive impatience le grand jour où Tintinnabulum devait donenr le mot de son énigme.
   Enfin ce jour arriva, à la grande satisfaction de tous les gobe-mouches de la capitale et des départemens ; et le mot contraste, attendu depuis si long-temps, déconcerta entièrement les combinaisons et la sagacité des concurrens. On eut honte d’avoir été joué et berné pour si peu de chose ; on prétendit, et même avec raison, que le mot contraste étant une idée abstraite et de comparaison, ne pouvait être le mot d’une énigme : de la discussion on en vint aux injures, et des injures à une caricature dans laquelle on représenta le fabricant de l’énigme (1) sur un âne, la figure tournée du côté du cul de l’animal, et tenant sa queue, avec cette inscription : asinus Lucet.
   L’auteur du contraste ne se tint pas pour battu ; il donna une explication de son énigme, et même de ce vers :

Je suis l’aïeul de ma grand’mère

L’explication parut si plaisante, ainsi que celle de l’énigme entière, qu’un des concurrens évincés promit par la voie des journaux un Voltaire complet à celui qui pourrait expliquer ou deviner l’explication de l’énigme.
   Comme, dans ce monde, tout a nécessairement un terme, on oublia bientôt le sphinx moderne et son énigme ; mais le public n'en avait pas moins été mystifié par le journaliste et ses compères.

(1) Joachim-Joseph Lucet.

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Source : LA FRANCE LITTÉRAIRE ou dictionnaire bibliographique des savants, historiens et gens de lettres de la France ainsi que des littérateurs étrangers qui ont écrit en français, plus particulièrment pendant les XVIIIe et XIXe siècles., par J.-M. Quérard, Tome cinquième, 1833.

LUCET-LAMAILLARDIÈRE, professeur de belles-lettres.
— Grammaire française, rédigé, d’après les principes de l’Académie, sur un plan nouveau et très-méthodique. Paris, Tournenx, 1821. — Sec. édition, revue avec soin, considérablement augmentée, etc. Tours, Mame, 1827 in-8, 5 fr.
— Grammaire française de Lucet-Lamaillardière, abrégée par l’auteur. Paris, A. Delalain, 1828, in-12, 1 fr. 50 c.
— Mythologie (la) simplifiée, suivie d’une Notice sur les sept merveilles du monde, et d’un Précis de la vie des sept sages de la Grèce, et de quelques philosophes, avec des notes chronologiques, géographiques, historiques etc. Tours, Mame, 1825, in-12, avec une planche, 2 fr.
— Traités des participes et du subjonctif, sur un plan très-méthodique, etc. Paris, Aug. Delalain, 1824, in-12, 1 fr. 50 c.

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Source : Bibliographie historique et critique de la presse périodique française, par Eugène Hatin,
Didot, 1866 – 660 pages

[p. 228]
L’Historien de France et de l’Europe, par Lucet.
12 avril-27 juin 1792, 23 numéros in-4°.

[Voir BNF : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32786894b/date1792]

Du n° du 26 avril 1792 :

MÉLANGES
La Guillotine a été mise en jeu hier 25 pour la première fois. Cette machine, digne du cerveau d’Esculape, est le passeport le plus expéditif pour l’autre monde ; on assure qu’un Médecin célèbre à perfectionné l’invention de M. Guillotin ; quoiqu’il en soit, ce dernier sera toujours mémorable, et de tout temps l’on pourra dire :

Guillotin, Docteur ridicule
A mérité d’être l’émule
      De nos Sansons (1) ;
Son rare talent pour détruire,
Parmi nous sait se reproduire
      En cent façons.

(1) Bourreaux de Paris


[p. 276]
La Petite Poste de Paris, ou Le prompt avertisseur, par J. J. Lucet.
11 nivôse-18 fructidor an V, 246 numéros in-8°.

« Cette feuille qui par sa variété, sa concision et son étendue offrira toujours l’utile joint à l’agréable, le sérieux adouci par quelques tableaux riants, et surtout un aperçu fidèle de notre situation journalière, ser pour ainsi dire, le NÉCESSAIRE des habitants de Paris, celui des cafés, et particulièrement des personnes qui, quoique surchargées d’affaires, ne veulent rien ignorer de tout ce qui peut alimenter la curiosité. Elle réunir tous les avantages que présentaient séparément il y a quelques années, le Mercure, les Petites-Affiches, le Journal de Paris et la Chronique scandaleuse. ». Avant tout feuille d’annonces, mais curieuse cependant. Voici un échantillon de sa manière, tiré du n° 240, du 12 fructidor :

Prière du soir à l’usage des Français libres.
« Je vous rends grâce, ô mon Dieu ! de ce que vous avez daigné me préserver, pendant cette journée, des mandats d’arrêt et des interrogatoires du bureau central, des visites domicilaires, des poignards des Jacobins, des coups de sabre de la nouvelle légion de police, des embûches de Satan-Merlin, et de l’amitié du Directoire, dont je vous prie de me rendre indigne de plus en plus.
   C’est vous, Seigneur, que je dois remercier de que je n’ai pas trouvé ce soir le scellé mis sur la porte de ma chambre ; de ce que mon bonnet de nuit et mes matelas ne sont point encore en réquisition ; de ce que ma femme n’a pas demandé le divorce, pour le bon plaisir de mes voisins ; de ce que je n’ai pas trouvé dans ma chambre deux ou trois garnisaires chargés de faire vendre mes chenets et mes pincettes, pour percevoir l’impôt mis sur ma cheminée.
   Continuez, Seigneur, de me garantir des petites rigueurs de la liberté, des bastilles de Limodin, des pièges de Malo, et du rasoir de Merlin. Éloignez de moi la mitraille de Barras, l’épée de Talot, la flamberge de Bentabolle-Ajax, les pistolets de Chénier, et particulièrement ses ouvrages en prose et en vers ; Laclos et ses Liaisons dangereuses, Mme de Staël et ses Influences, le petit Riouffe et ses brochures. Préservez-moi des visites de l’armée de Sambre-et-Meuse et du passage des aigles de l’Italie.
   Je vous prie également, Seigneur, d’avoir pitié des ennemis de votre nom, de dérouiller l’âme de l’abbé Sieyès, d’ouvrir les petits yeux de Lareveillère-Lépaux, d’avoir pitié surtout de quelques misérables théophilanthropes encroûtés de péchés et couverts d’une triple lèpre révolutionnaire. Livrez leur cœur aux serres du remords ; mais daignez calmer le désordre de leur imagination, toujours effarouchée par l’image des potences et de la roue qui les suivent partout. Ainsi soit-il ? »

 

[p. 598]
Correspondance des dames, ou Journal des modes et des spectacles de Paris, par Lucet.
15 ventôse-messidor an VII, 2 vol. in-8°, fig. color.


 [p. 602]
Bulletin de littérature, des sciences et des arts, par Lucet.
Ans IV et V, 2 vol. (111 numéros)  in-8°.

« Une société de littérateurs, affligée de voir les belles-lettres, les arts et les sciences, dans une léthargie voisine de l’anéantissement, et guidée par le désir de leur rendre toute la vigueur qui leur est nécessaire pour concourir à la prospérité de la République française, a résolu de donner au public une feuille périodique dans laquelle seront annoncés, analysés et critiqués tous les ouvrages nouveaux, en tous genres, dignes d’être connus.
   Il est temps que tous les citoyens éclairés et amis de la patrie coopèrent de tous leurs moyens à terrasser l’effroyable vandalisme qui depuis plusieurs années travaille avec succès à la destruction des arts, des lettres, des savants, du commerce, des commerçants, etc... Il est enfin passé ce siècle d’horreur et de barbarie ou des monstres disaient qu’il fallait guillotiner tous les hommes d’esprit, qu’ils regardainet comme autant d’aristocrates... »
   Lucet avait pour collaborateurs, et, si l’on pouvait en croire Mercier de Compiègne, pour teinturiers, Cousin et Labeaume.

[BNF : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32725246b/date.r=.langFR]

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Source : Bibliographie de l’histoire de Paris, pendant la révolution française
Maurice Tourneux

11077. — La Petite Poste de Paris ou le Prompt Avertisseur, journal général d’annonces, de demandes d’avis, de commerce, de légistlation, spectacles, littérature, etc. (11 nivôse-18 fructidor an V [31 décembre 1796-4 septembre 1797].) Jamain, 246 numéros in-8°.

   Les numéros 2 et suivants sont signés J.-J. LUCET, rédacteur
   « Cette feuille qui par sa variété, sa concision et son étendue offrira toujours l’utile joint à l’agréable, le sérieux adouci par quelques tableaux riants, et surtout un aperçu fidèle de notre situation journalière, et pour ainsi dire, le NÉCESSAIRE des habitants de Paris, celui des cafés, et particulièrement des personnes qui, quoique surchargées d’affaires, ne veulent rien ignorer de tout ce qui peut alimenter la curiosité. Elle réunir tous les avantages que présentaient séparément il y a quelques années, le Mercure, les Petites-Affiches, le Journal de Paris et la Chronique scandaleuse. ».
   La Petite Poste, qui ne figurait pas sur l’arrêté directorial du 18 fructidor, fur portée sur la liste dressée par la commission des Cinq-Cents, sous le titre erroné de « le Petit Gautier ou la Petite Poste ». C’était bien, en effet, la reprise du Petit Gautier (voy. n° 11104 ci-dessous) que visait la commission, mais ce fut la Petite Poste qui paya pour lui ; car, le 16 fructidor an VII, Lucet non Gautier se vit frapper de la peine de la déportation.

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Source : Les chansons d’autrefois: vieux chants populaires de nos pères
Charles Malo, Paris, Jules Laisné, libraire-éditeur, 1861.

[p.  186]
AU CABARET
Air connu.

A boire je passe ma vie,
Toujours dispos, toujours content ;
La bouteille est ma bonne amie.
Et je suis un amant constant.
Au cabaret j’attends l’aurore
Du vi tel est l’heureux effet.
La nuit souvent me trouve encore,
Me trouve encore au cabaret.

Si, frappé de quelques alarmes,
Mon cœur éprouve du chagrin,
Soudain on voit couler mes larmes,
Mais ce sont des larmes de vin.
Je bois, je bois à longue haleine ;
Du vin tel est l’heureux effet,
Le malheureux n’a plus de peine,
N’a plus de peine au cabaret.

Si j’étais maître de la terre,
Tout homme serait vigneron ;
Au dieu d’amour toujours sincère,
Bacchus serait mon Cupidon.
Je ne quitterais plus sa mère,
Car de la cour un juste arrêt
Ferait du temple de Cythère,
Oui, de Cythère, un cabaret.

Auteurs qui courez vers la gloire,
Bien boire est le premier talent ;
Bacchus au temple de mémoire
Obtient toujours le premier rang.
Un tonneau, voilà mon Pégase,
Ma lyre, un large robinet.
Et je trouve le mont Parnasse,
Le mont Parnasse au cabaret.

         J. J. LUCET.

C’est à l’auteur, oublié, de cette jolie chanson qu’on a dû, à l’époque de l’Empire, la plaisante mystification de cette fameuse énigme qu’aucun Œdipe ne devina, et dont le mot introuvable était Contraste.

[https://archive.org/details/leschansonsdaut00malogoog/page/n209/mode/2up?q=%22J+J+Lucet%22]

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Source : Les Livres pour l’enfance et la jeunesse sous la Révolution, Michel Manson. 1989
Index des éditeurs, libraires, imprimeurs

LUCET J. J., directeur du Bulletin de Littérature,des Sciences et des Arts, rue du Croissant, n° 16 (1795) ; rue Montmartre, n° 94, vis-à-vis de la rue Saint Joseph (1796), n° 94 et 106 (1797). DELALAIN, p. 138. Anon. (341), 1795.

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Source : Le « Journal des Dames et des Modes » ou la conquête de l’Europe féminine (1797 – 1839),
Annemarie Kleinert, 2001.

Lucet (Jean-Jacques)
Ses principales activités dans le journal datent du début du XIXe siècle (1800/1801), lorsqu’il y rédige un grand nombre de nouvelles et de vers, mais ses poésies y trouvent encore une place dans un cahier de 1814. Comme La Mésangère, Lucet habite rue Montmartre, d’abord au numéro 94, puis au numéro 106. Avant de collaborer au journal de celui-ci, il est rédacteur de L’Historien de France et de l’Europe (1792), directeur du Bulletin de Littérature, des Sciences et des Arts (1794–96), rédacteur de La Petite Poste de Paris (1797), qui traite aussi de mode, directeur-rédacteur de La Correspondance des Dames, journal de mode (mars à juillet 1799), et rédacteur de La Mouche (septembre à novembre 1799). Lucet collabore aussi au Messager des Dames (1797) et au Journal des Arts, de Littérature et de Commerce (1799–1814). En 1811, il édite, avec M. Eckard, un ouvrage anonyme intitulé Hommages poétiques à LL. MM. sur la naissance du roi de Rome. La Nouvelle biographie générale, t. 39, pp. 140–141 et le Grand dictionnaire du XIXe siècle, Paris 1865–1876, t. X, p. 763, confondent J.-J. Lucet avec son contemporain Jean-Claude Lucet, avocat canoniste et poète. Jean-Jacques signe souvent d’un simple “J.J.”. Les dates et lieux de naissance et de mort sont inconnus.

Bibliographie
– Manuscrit du Dictionnaire du luxe, par La Mésangère, 1831 : sous “journaux de mode”.
– J.-M. Quérard, La France littéraire, Paris 1827–1839, t. V, p. 385.
– M. Tourneux, Bibliographie de l’histoire de Paris ..., Paris 1900, t. 3, p. 931.
– P. Delalain, L’Imprimerie et la librairie à Paris de 1789 à 1813, Paris 1900, p. 138.